Rapport annuel 2025 sur l’état de la fonction publique

La formation spécialisée « statistiques » du Conseil commun de la fonction publique s’est réunie le 23 octobre 2025. Le rapport annuel sur l’état de la fonction publique – édition 2025 – y a été présenté aux organisations syndicales et aux employeurs publics. Ce document élaboré par le service statistique ministériel constitue une véritable mine d’informations, qui vient appuyer et légitimer les revendications portées par la CFDT, en particulier sur la question de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.

Rémunérations des agents publics en 2023

En 2023, le salaire net moyen des agents de la fonction publique s’établit à 2 652 €, contre 2 735 € dans le secteur privé.

Les trois versants de la fonction publique ont connu une nouvelle baisse du pouvoir d’achat en 2023 (-0,7 %), mesurée en euros constants sur le salaire net moyen :

  • Fonction publique d’État : -0,2 %
  • Fonction publique territoriale : -1,2 %
  • Fonction publique hospitalière : -1,4 %

Chez les fonctionnaires, une part importante de la rémunération repose sur les primes, dont seule une fraction est prise en compte dans le calcul de la pension de retraite. Ces indemnités ne cessent d’augmenter, représentant en moyenne un quart de la rémunération globale, et jusqu’à un tiers pour certains.

Pour la CFDT, il est impératif que le gouvernement convoque rapidement un rendez-vous salarial, attendu depuis deux ans. En plus de mesures générales, la CFDT revendiquera notamment :

  • Le versement de la GIPA (garantie individuelle du pouvoir d’achat), suspendue depuis deux ans
  • Une augmentation des ratios de promotion et avancements
  • L’ouverture d’un chantier pluriannuel sur les perspectives salariales (grilles indiciaires)
  • Une meilleure prise en compte des primes dans le calcul des pensions

Les alertes des agents sur leurs difficultés quotidiennes doivent être entendues : le travail mérite d’être mieux reconnu et rémunéré par l’ensemble des employeurs publics.

Égalité professionnelle dans la fonction publique

Le taux de féminisation de la fonction publique poursuit sa progression, atteignant 64 % en 2023 (+1 point par rapport à 2022), soit 17 points de plus que dans le secteur privé.

Les femmes sont majoritaires dans :

  • La fonction publique hospitalière (FPH) : 78 %
  • La fonction publique territoriale (FPT) : 61 %
  • La fonction publique d’État (FPE) : 58 %

Cependant, leur présence dans les catégories hiérarchiques les plus élevées (catégorie A+) reste inférieure :

  • FPH : 55 %
  • FPT : 54 %
  • FPE : 43 %

Depuis 2011, la part des femmes dans l’encadrement supérieur progresse, mais de manière inégale selon les versants.

Côté rémunération, les femmes perçoivent en moyenne un salaire inférieur de 9,9 % à celui des hommes, à temps de travail équivalent. Cette différence ne tient pas compte du temps partiel, plus fréquent chez les femmes (25 % contre 9 % chez les hommes). L’écart diminue progressivement depuis dix ans, mais reste significatif : quasi nul avant 30 ans, il dépasse 11 % après 50 ans.

Les femmes, qui représentent 64 % des agents publics, sont surreprésentées dans les emplois les moins rémunérés (70 % dans le premier décile) et sous-représentées dans les mieux rémunérés (50 % dans le dernier décile, 39 % dans le top 1 %).

Sur le plan de la santé, les femmes se déclarent en moins bonne santé que les hommes, quel que soit l’âge : 29 % déclarent une maladie chronique ou un problème de santé durable (contre 24 % des hommes), et 21 % présentent un risque de symptômes dépressifs (contre 16 % des hommes).

Concernant les départs à la retraite, en 2024, une femme sur cinq part avec une pension au minimum garanti, soit 2 points de plus qu’en 2023. Parmi les pensionnés « classiques », 18 % des femmes bénéficient du minimum garanti, contre 11 % des hommes.

Pour la CFDT, la négociation à venir sur l’égalité professionnelle devra répondre à l’ensemble de ces enjeux : rémunération, déroulement de carrière, conditions de travail, santé.

Effectifs de la fonction publique en 2023

La part de l’emploi public dans l’emploi total reste au plus bas depuis 30 ans.

Pourtant, en 2023, les effectifs de la fonction publique ont augmenté de 91 800 agents, dont 30 % en contrats aidés.

Les employeurs publics ont majoritairement recruté des contractuels, qui représentent désormais 23 % des agents (+1 point par rapport à 2022). Les fonctions publiques d’État et territoriale ont vu leur taux de recrutement de contractuels progresser respectivement de 5,5 % et 6,2 %, tandis que la fonction publique hospitalière a recruté davantage de fonctionnaires.

Par ailleurs, 11 % des postes sont restés vacants en 2023.

Aujourd’hui, 37 % des agents publics ont plus de 50 ans (44 % des fonctionnaires, 24 % des contractuels). D’ici dix ans, la fonction publique devra recruter près de 2 millions d’agents pour maintenir le niveau du service public.

Pour la CFDT, les employeurs doivent relever le défi de l’attractivité de la fonction publique, tant sur le plan salarial que sur les perspectives de carrière, les conditions de travail et le sens donné aux missions, afin d’inciter les jeunes à s’engager au service des citoyens. Après le recrutement, le deuxième défi est celui de la fidélisation.

Apprentissage en 2023

Pour la troisième année consécutive, le nombre de contrats d’apprentissage a augmenté (+12,2 %). En 2023, 31 000 apprentis se forment dans la fonction publique, dont 60 % dans la FPT.

Pour la CFDT, faciliter l’intégration de ces jeunes dans la fonction publique, lorsqu’ils le souhaitent, doit être une priorité. Cette revendication est portée par la CFDT depuis plusieurs années.

Arrêts maladie en 2024

La part des agents publics absents pour raison de santé continue de diminuer, se rapprochant du niveau observé chez les salariés du secteur privé.

Entre 2023 et 2024, la fonction publique enregistre une baisse des absences pour raison de santé (-0,9 jour), tandis qu’elles augmentent dans le secteur privé (+0,3 jour). L’écart entre les deux se réduit : 0,5 jour en 2024 contre 0,8 jour en 2023.

Cette évolution est à mettre en perspective avec les caractéristiques démographiques des deux populations : la fonction publique est plus féminisée (64 % contre 47 % dans le privé) et compte davantage de personnes de plus de 50 ans (37 % contre 32 %).

Pour la CFDT, ces chiffres battent en brèche les idées reçues qui continuent à stigmatiser les agents publics. Il est essentiel de s’intéresser aux causes des absences pour raison de santé afin d’agir concrètement sur les conditions de travail et préserver la santé des agents. Il est urgent de prendre en compte les contraintes physiques, les horaires atypiques et les risques psychosociaux, en analysant la pénibilité du travail plutôt que de pointer du doigt les agents.

Départs en retraite dans la fonction publique en 2024

En 2024, les agents des trois versants de la fonction publique liquident leur retraite en moyenne trois mois plus tard qu’en 2023, conséquence directe de la dernière réforme des retraites, contre laquelle la CFDT s’est mobilisée. Cette réforme a entraîné une baisse de 13,3 % du nombre de départs à la retraite.

Quelques données sur les types de pensions :

  • Un agent sur dix part à la retraite suite à une procédure d’invalidité.
  • La part des pensions avec surcote reste stable par rapport à 2023.
  • Les pensions « normales » et « décotées » enregistrent une légère baisse.
  • Un agent sur cinq part avec le minimum garanti (+3 points par rapport à 2023), avec des disparités marquées selon les versants :
    • Fonction publique d’État (FPE) : 6 %
    • Fonction publique territoriale (FPT) : 31 %
    • Fonction publique hospitalière (FPH) : 27 %

Pour la CFDT, ces chiffres appellent à une attention particulière sur les conditions et le temps de travail dans la FPT et la FPH. Ces éléments doivent être examinés dans le cadre des politiques de qualité de vie au travail.


Pour aller plus loin :